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Société

Pompage d'une poche d'eau glaciaire menaçant une vallée alpine

Les travaux de pompage ont débuté mercredi dans le massif du Mont Blanc pour éliminer une poche d'eau glaciaire de 65.000 m3 menaçant d'inonder la vallée de Saint-Gervais. Le chantier, installé à 3.200 mètres d'altitude sur le glacier de Tête-Rousse, devr

Les travaux de pompage ont débuté mercredi dans le massif du Mont Blanc pour éliminer une poche d'eau glaciaire de 65.000 m3 menaçant d'inonder la vallée de Saint-Gervais. Le chantier, installé à 3.200 mètres d'altitude sur le glacier de Tête-Rousse, devr - -

par Caroline Girardon SUR LE GLACIER DE LA TÊTE-ROUSSE, Haute-Savoie (Reuters) - Les travaux de pompage ont débuté mercredi dans le massif du Mont...

par Caroline Girardon

SUR LE GLACIER DE LA TÊTE-ROUSSE, Haute-Savoie (Reuters) - Les travaux de pompage ont débuté mercredi dans le massif du Mont Blanc pour éliminer une poche d'eau glaciaire de 65.000 m3 menaçant d'inonder la vallée de Saint-Gervais.

Le chantier, installé à 3.200 mètres d'altitude sur le glacier de Tête-Rousse, devrait durer environ deux mois.

Entre cinq et dix personnes vont se relayer 24h sur 24 et sept jours sur sept afin de vider cette poche d'eau dont on ignore toujours l'origine exacte.

La nappe a été repérée par les chercheurs du CNRS au mois de juillet au fond du glacier de la Tête-Rousse et d'importants travaux de sécurisation, ainsi que l'installation d'alarmes, ont été réalisés avant de lancer l'opération de pompage.

Les travaux consistent à percer la calotte glaciaire jusqu'à 75 mètres de profondeur pour atteindre la poche d'eau.

Grace à une pelle araignée et un système de forage thermique, le percement a commencé mercredi à raison de cinq mètres par heure. Le pompage permettra à terme d'absorber 150m3 d'eau par heure.

"Le risque provient de la forte pression de l'eau qui menace de faire sauter le bouchon de glace comme une cocotte-minute", explique Nicolas Carre, maître d'oeuvre du chantier.

"Avec le début du pompage, la pression de l'eau sera beaucoup moins importante et donc le risque (d'inondation) sera fortement diminué", ajoute-t-il.

"ÉPÉE DE DAMOCLÈS"

L'eau pompée sera rejetée autour d'un glacier, à très faible débit mais une fois que la poche sera vidée, il n'est pas exclu qu'elle se remplisse à nouveau dans les mois ou les années à venir, ce qui alimente la peur des habitants.

En 1892, une inondation de la vallée avait fait 175 morts.

"Avant, je vivais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête sans le savoir mais depuis que nous sommes au courant je suis angoissée", confesse Marguerite, une habitante du hameau de Bionnay, situé au pied du glacier.

"Nous resterons très vigilants et nous pomperons à nouveau si nécessaire", assure Christian Vincent du laboratoire de glaciologie et de géophysique du CNRS de Grenoble.

C'est son équipe qui a découvert la poche en juillet.

Le laboratoire avait été chargé par la préfecture et la mairie d'étudier l'utilité de l'ancien tunnel creusé il y a un siècle pour surveiller l'évolution du glacier après la catastrophe de 1892.

Les scientifiques estiment que cette situation est exceptionnelle car l'eau contenue dans les glaciers se vidange habituellement de façon naturelle par ruissellement. Dans le cas de Tête-Rousse, le glacier, très froid, a gardé l'eau prisonnière.

Le coût de ces travaux est estimé à 2,5 millions d'euros, dont deux millions consacrés à la sécurisation du site et au pompage et 500.000 euros pour le plan de sauvegarde qui consiste à alerter les habitants en cas de catastrophe.

Ils seront financés en partie par l'Etat, par les collectivités locales et le fonds dédié aux catastrophes naturelles.

Edité par Laure Bretton