Un amas d'eau grossit actuellement sous le glacier de Tête Rousse, qui domine la vallée de Saint-Gervais en Haute-Savoie

Un amas d'eau grossit actuellement sous le glacier de Tête Rousse, qui domine la vallée de Saint-Gervais en Haute-Savoie

afp.com/JEAN-PIERRE CLATOT

Un amas d'eau grossit actuellement sous le glacier de Tête Rousse, qui domine la vallée de Saint-Gervais en Haute-Savoie, une situation inquiétante pour le maire de cette ville, lourdement endeuillée il y a 130 ans suite au même phénomène.

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Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais-les-Bains, s'est alarmé cette semaine auprès des médias, du dernier rapport annuel rendu en février par des experts du Service géologique national, concluant à la présence sous le glacier, situé à plus de 3000 mètres d'altitude, de deux poches pouvant contenir jusqu'à 40 000 m3 d'eau au total.

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La poche située en amont contiendrait à elle seule jusqu'à 30 000 m3 d'eau, soit 40% de plus que le volume estimé lors des dernières mesures remontant à 2015. La rupture d'une telle poche d'eau, qui avait dévalé en 1892 sur Saint-Gervais en emportant sur son passage glace, arbres et rochers, avait causé la mort de 175 personnes.

En 2009, la formation de nouvelles poches d'eau intra-glaciaires avait été mise en évidence, aboutissant à des opérations de pompage plusieurs années successives, et à la mise en place d'un système de contrôle par câbles de possibles mouvements du glacier, de sirènes d'alarme et d'un plan d'évacuation d'urgence.

Une catastrophe qui ferait "entre 2000 et 3000 morts"

En 2016, Jean-Marc Peillex, craignant que la population soit moins vigilante et "ne croie plus à la possibilité d'une catastrophe", qui ferait selon lui "entre 2000 et 3000 morts", préconisait plutôt la création de "plages de dépôt" supposées "casser" le flux si une nouvelle poche d'eau sous pression se rompait.

Alors que depuis 2010 les opérations de pompage et de surveillance ont déjà coûté 1,2 million d'euros à Saint-Gervais (l'État finançant les 80% restants), ces travaux coûteraient environ 4 millions d'euros.

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Le SM3A (Syndicat Mixte d'Aménagement de l'Arve et de ses Affluents), s'est engagé à en payer la moitié, à parts égales avec l'État, mais rien n'a été entrepris pour l'instant, en raison de "petits jeux politiques" locaux, selon le maire de Saint-Gervais.

Jean-Marc Peillex craint aujourd'hui que la poche amont ne continue à grossir pour se déverser dans la poche aval, créant "un effet de chasse d'eau" dévastateur : "Je veux protéger ma population, et que la promesse de travaux faite en 2016 se réalise", insiste-t-il.

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